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Karl Maria Wiligut, le mentor secret d’Himmler

Karl Maria Wiligut

Manfred Lenz, Dimanche, 30 Avril 2006
Un entretien avec Gabriele Winckler-Dechend<

Madame Winckler, vous avez personnellement connu Wiligut. Quand avez-vous été employée par lui au cabinet du Reichführer SS, Heinrich Himmler ?

Le colonel Wiligut était un ami de ma mère bien avant 1933 et elle était très intéressée par sa « Tradition ». A cause de cela, elle lui rendait souvent visite à ??? ou Wiligut possédait une petite maison depuis la fin de la première guerre mondiale. Elle était entourée d’un jardin qu’il cultivait lui-même pour nourrit sa famille.

Ce doit être en 1933 que le colonel fut persécuté en Autriche, du fait de ses liens avec Schönerer et Lüger .

Ma mère l’invita alors à se réfugier dans notre demeure, à Constance. Wiligut lui répondit par lettre peu après, indiquant qu’il avait fait la connaissance d’ Heinrich Himmler à une conférence de la Nordische Gesselschaft à Detmold. Himmler avait été très intéressé par la « Tradition » de Wiligut, et il l’avait invité à se rendre à Munich où il pourrait travailler sur des sujets similaires dans le petit service du major Suchsland et de monsieur Feichtenbeiner.

Peu de temps après, le colonel nous rendit visite avec son ordonnance, Max Rieger. Nous fîmes en commun de petites excursions que je trouvais passionnantes. Durant l’une d’elles, notant mon grand intérêt, Wiligut me demanda si je voulais lui servir d’assistante. Bien sûr, j’acquiesçais. Il dut cependant, avant que je commence à travailler, demander l’autorisation d’Himmler. Ce fut fait et, peu de temps après son retour à Munich, un télégramme arriva, précisant que je devais le rejoindre. Je fis le voyage jusqu’à Bogenhausen et nous allâmes ensembles, immédiatement, à un meeting du NSDAP. Ma sœur et sa jeune fille nous accompagnaient et ce fut une expérience inoubliable pour nous tous.

Au début du mois de novembre, nous fûmes transférés à Berlin où nous constituâmes notre propre section de recherche au sein du Bureau de la race et de la colonisation.

Quelle impression vous fit Wiligut à cette époque ?

Dans ces jours anciens, le colonel était incontestablement une personne très importante pour moi. Mais, à mon grand regret, il se mit à changer. Cela attira, bien sûr, mon attention car je savais comment il était auparavant. Chaque fois que je le quittais en fin de journée, il se mettait à boire. Ma mère pensait qu’il n’était pas fait pour un travail comme celui qu’il effectuait à Berlin. Une modification de caractère se produisit donc lentement, je pense que c’est celle-ci qui le plaça dans une situation délicate par la suite et qui le fit considérer comme un charlatan. Mais cela se produisit après mon départ de son service, bien après que son comportement ait commencé à changer et ait entraîné ma démission. Je lui donnais celle-ci en mai ou juin 1936 après avoir demandé l’autorisation express à Heinrich Himmler. Mais, jusqu’à mon mariage, j’ai continué, ainsi que ma mère à travailler pour le Reichführer SS lui-même. Par la suite, ma mère a travaillé pour l’Ahnenerbe dans le service du professeur Wüst.

Quelle réputation avait Wiligut au sein de la SS ? On a écrit que l’origine de son épouse et son ancien poste au Palais impérial des Habsbourgs étaient des facteurs importants pour Himmler. Qu’en savez-vous ?

Wiligut fut nommé Standartenführer SS et appartint, comme nous tous, au cabinet du Reichführer SS. Il est exact que le colonel Wiligut avait joué un rôle important à la cour impériale autrichienne. Il est exact aussi que son épouse était une descendante du dernier doge de Venise.

Wiligut possédait des terres en Hongrie et disposait de capitaux, de ce fait, il fit des affaires avec le jeune archiduc qu’il connaissait fort bien. Il est certain que cela fut pris en compte par Himmler.

On dit que l’importance de Wiligut fut mise en évidence lors des funérailles de son père où des gerbes de fleurs arrivèrent du monde entier. Avez-vous entendu parler de cela ?

Il est exact que le père du colonel a eut des funérailles imposantes. Cela s’explique sans doute par le fait que la famille Wiligut avait joué un rôle important en Hongrie.

Savez-vous ce que sont devenues les filles de Wiligut ?

La plus jeune, Lotte, est décédée depuis longtemps. La sœur aînée, Trude, qui était mariée à un pharmacien de Reichenhall doit être morte aussi. Elle était plus âgée que moi et je suis né en 1908.

En plus de ses importantes capacités en parapsychologie, Wiligut aurait possédé une « clef runique » qui aurait été particulièrement opérative…

Wiligut avait des dons en parapsychologie ? Je ne sais rien à ce sujet. Je n’ai jamais rien remarqué.

Sur la « clef runique »du colonel, j’ai publié ce que je sais sous mon nom de jeune fille – Gabriele Dechend – dans le cahier n° 4 d’Hagal, en 1935. Avec cette clef, nous fumes capables de trouver la signification d’épigraphes runiques jusqu’alors incompréhensibles.

Je me souviens que dans le journal de Johannes von Leers, Nordische Welt, publié à Leipzig vers 1935, nous découvrîmes un graffiti fait sur une urne ancienne qui avait été traduit selon la méthode habituelle par Krause. Le résultat n’avait aucun sens. Cependant, en utilisant la méthode du colonel, la signification se révélait. J’écrivis à ce sujet à Leers qui fut profondément étonné. Il me rendit immédiatement visite à Berlin et me proposa de travailler avec lui. Ce que je refusais.

J’écrivis par la suite, avec l’aide de cette clef, un certain nombre d’articles sur les runes pour le journal Nordland publié à Magdebourg.

Pouvez-vous nous éclairer sur l’identité de la personne qui conçut la Totenring ?

Ce n’est que récemment que j’ai entendu dire qu’il s’agissait de Wiligut. J’estime que c’est tout à fait possible et vraisemblable.

Les numéros d’Hagal des années 1934-1935 contiennent des articles de Wiligut mentionnant l’existence à travers les âges de deux clans porteur de la connaissance - les Wiliguts ou irministes et les Lauterers ou wotanistes – s’opposant depuis l’aube de l’humanité. Selon Günther Kirchhoff, Wiligut aurait dénoncé Ernst Lauterer comme « agent anglais » et, de ce fait, il aurait été envoyé dans un camp de concentration. Mund, pour sa part, affirme que Lauterer est responsable de la disparition du manuscrit de List sur « l’armanisme et la cabbale ». Avez-vous entendu parler de cela ?

Il m’est difficile de vous répondre. Je n’ai jamais entendu parler d’un conflit entre les wotanistes et les irministes. L’idée même que le colonel en tant qu’irministe ait combattu les wotanistes et dénoncé Lauterer me semble absurde. Au sujet des armanens, Wiligut nous enseignait uniquement qu’ils appartenaient à une lignée particulièrement noble et qu’ils avaient un rôle historique à jouer.

On a dit que les services secrets s’étaient intéressés à la Gotenstock de Wiligut. On a aussi dit qu’elle avait été utilisée pour célébrer des mariages. Pouvez-vous nous décrire cette cane ?

Le colonel l’avait héritée de son grand père. Elle était de toute beauté et elle avait été taillée dans du bois précieux. Son pommeau était doré et sculpté en forme de tête. Wiligut ne s’en servait pas pour s’appuyer mais plutôt la portait avec lui. Elle ne le quittait jamais.J’ai pu constater, lors d’une visite de la ville de Goslar en sa compagnie, qu’il s’en servait comme d’une baquette divinatoire afin de connaître le passé occulté de la cité.

Mund affirme qu’une étroite relation existait entre Himmler, Darré et Wiligut, et qu’elle subsista après son départ de la SS. Pouvez-vous nous confirmer ceci ?

Je sais qu’il était très lié à Otto Rahn et à Heinrich Himmler. Je ne sais pas ce qu’il en était de Darré. Quand Wiligut fut prié de quitter la SS à cause de son penchant pour la boisson, je ne travaillais plus dans son service et nos relations se limitaient à des échanges de carte de vœux.

Savez-vous comment Rahn rencontra Himmler ? Est-ce que Wiligut vous parla des recherches de Rahn sur le Graal ?

Après avoir lu le livre d’Otto Rahn, Croisade contre le Graal, je fus si impressionné que je le donnais immédiatement au colonel qui, lui-même, le remis à Himmler. Celui-ci fut si intéressé qu’il me donna l’ordre de trouver Rahn et de m’inquiéter de sa santé.

Je découvris ainsi que Rahn était malade, que la France lui avait refusé un visa et que son éditeur avait rompu le contrat qui les unissait. J’en rendis compte à Himmler qui invita immédiatement Rahn à Berlin. Quand il se présent aà nos bureaux, je m’y trouvais seule et j’eu la chance de pouvoir m’entretenir avec lui, pendant plusieurs heures, de manière informelle de ses recherches. Ce fut le début d’une profonde amitié entre nous.

Otto Rahn fut enrôlé dans le cabinet du Reichführer SS au sein duquel il dépendait directement d’Heinrich Himmler. Presque tous les soirs, il nous rendait visite à la villa Grunewald et nous avions des discussions animées car le colonel était lui aussi intéressé par ses recherches sur le graal et les cathares.

Rahn a affirmé que s’il avait rencontré Wiligut avant de rédiger Croisade contre le Graal, il l’aurait écrit « totalement différemment ». Qu’en pensez-vous ?

Je pense en effet que Rahn aurait donné une orientation différente à son livre s’il avait rencontré le colonel plutôt. Beaucoup de choses qu’il avait seulement soupçonnées dans ses recherches ne sont devenues évidentes pour lui que lors des discussions qu’il eut avec Wiligut. Il faut préciser qu’il était encore très jeune. Il n’avait que vingt-six ans à l’époque.

Rahn ne portait pas l’uniforme alors. Je travaillais dans les bureaux de Darré et l’appartement de Rahn était situé juste à côté. Souvent, je déjeunais avec lui et nous discutions alors que ce qu’il avait écrit les nuits précédentes. Il travaillait à un livre sur l’archevêque de Marburg, le confesseur de la comtesse Elisabeth, mais, en définitive, c’est La Cour de Lucifer qu’il rédigea. Quand Rahn me rendit visite chez mes parents à Constance en 1937, il leur offrit le livre comme cadeau.

Selon certaines rumeurs, Rahn invita Wiligut et Himmler à son mariage en 1939. Savez-vous quelque chose à ce sujet et que savez-vous des raisons de son suicide ?

Je ne sais rien d’un projet de mariage de Rahn auquel il aurait eu l’idée d’inviter Wiligut ou Himmler. En juillet 1937, je me suis moi-même mariée et j’ai quitté Berlin pour Munich. Rahn nous rendit visite un peu avant Noël de la même année car il participait à des exercices militaires dans la région de Dachau. Cela ne l’enchantait guère. Je le vis en uniforme pour la première fois et je m’en amusais fort car cela ne lui allait pas du tout. En 1939, il fut le parrain de notre fils nouveau-né. Ensuite, nous n’eûmes plus de nouvelles de lui, jusqu’à l’annonce de son suicide. Je me suis alors renseignée auprès d’un ami qui travaillait à la direction de la SS sur ce qui s’était passé. Il me répondit que Rahn avait été compromis à deux reprises dans des affaires d’homosexualité et qu’Himmler en personne l’avait à chaque fois réprimandé. A la troisième fois, Himmler lui avait demandé de prendre lui-même les mesures nécessaires pour sauver son honneur et celui de la SS. C’est alors qu’il se suicida, ce qui fit qu’il ne fut pas exclu de la SS.

On a dit que Rahn reçut le consolamentum des cathares, cela ne me semble pas être en contradiction avec l’idée de son suicide. Bien au contraire, j’y vois une relation logique

1997.